Robin L'Ecureuil - Hebdomadaire illustré pour les jeunes
En ce printemps 1946 naît un nouveau journal illustré, baptisé Robin l’Ecureuil. En bandeau le titre « Robin l’Ecureuil, hebdomadaire illustré pour les jeunes ». A gauche, une vignette représente Robin, la queue en panache marchant et lisant son propre journal – 8 pages pour 8 francs, dont la moitié en couleurs, pages de couverture et pages centrales.
La première page est consacrée aux aventures du jeune Robin et de ses amis de la forêt, la page 8 à la BD de science fiction d’Auguste Liquois « Héros de la liberté », les 2 meilleures bandes dessinées en définitive et qui resteront inachevées. Voilà pour l’aspect extérieur du journal.
Dès le premier numéro, en page 2, un encart publicitaire invitait à une fête gratuite le jeudi 23 mai à 14 h 30 au Palais des Glaces. Et, en effet, dans le n° 2, le lecteur pouvait lire ce gros titre : « Vous étiez 4000 à notre gala du 23 mai ». Suivait alors un compte-rendu détaillé de la fête et l’annonce officielle de la naissance de Robin marquée par un gala avec les principales vedettes sportives de l’époque : Robert Charron, Ben Barek, Raymond Louviot, Yvon Petra, les parrains de l’époque.
Robin l'Ecureuil : Des BD, des chroniques et des rubriques
Au cours de sa brève carrière, l’aspect extérieur du journal ne variera pas, excepté la permutation, dès le n° 2 de « Héros de la liberté » qui passera en page 5, remplacé par « Robin des Bois » de Bourlès.
A l’intérieur aussi peu de changements profonds. Certaines rubriques émigreront d’une page à l’autre dans les premiers numéros. On en est à chercher encore la meilleure formule. A partir du n° 5, on peut affirmer que le journal est stabilisé.
La page 2 était réservée au « courrier de Tonton Pickle », au Club Robin l’Ecureuil, à « Jour de pluie, jour joyeux », rubrique qui regroupait les jeux de l’esprit : rébus, charades, mots croisés, casse-tête, etc…
La page 3 contenait un roman d’aventures de Léo Effer : « La déesse des Ténèbres », illustré par Robert Dansler (alias Bob Dan). Le bas de la page sera occupé par un ou deux strips de Jimpy.
La page 6 offrait diverses chroniques historiques illustrées par Henri Iselin : évasions célèbres, Duguay-Trouin le corsaire, Jean Bart chevalier des mers, Casanova, etc…
La page 7 était consacrée au domaine sportif et elle était bourrée d’anecdotes instructives sur les sports en général, en bande verticale : l’automobile à travers les âges, dans le n° 14 débutait la vie de Marcel Cerdan, dessinée par Bourlès.
A noter que dans le n° 9, les bandes : « Héros de la liberté » et « Robin des Bois » ne furent pas dessinées par leurs dessinateurs habituels.
Signalons enfin, dans les n° 3, 4 et 5 de petits articles sur les dessinateurs suivants, illustrés d’auto-portraits : Robert Dansler, Liquois, H. Monnier, Dubout et Joe Hamman.
Robin l'écureuil - Un journal destiné aux enfants
A l’examen des bandes, il est facile de constater que l’esprit du journal s’adressait à un public relativement jeune de 7 à 12 ans environ.
Les séries comiques occupaient une place importante, de même que la série épique « Robin des Bois ».
Seule la bande de science-fiction de Liquois montrait une vision du monde plus adulte, plus pessimiste.
Le monde animalier de Dansler à travers ses aventures dans la forêt rappelle un peu le petit monde de Cuvillier avec Sylvain et Sylvette. Dansler, sur le plan graphique, était l’un des rares dessinateurs animaliers avec Calvo à savoir si bien exprimer ce côté malicieux et bon enfant de tous les animaux (3).
Héros de la liberté - La science fiction selon Liquois
Les amateurs de science-fiction trouvaient dans la série « Héros de la liberté » tous les ingrédients de la série épique avec = dont voici : la lune, deux hémisphères distincts, l’un désertique et glaciaire, l’autre pourvu d’une végétation abondante pour le bonheur des hommes, hélas gouverné par un tyran, maître incontesté : ODE.
A proximité de son palais, un camp de la mort : IOWAKHE, où sont enfermés les savants dont il craint l’intelligence. L’un d’eux, NOR, avec deux compagnons, une femme OVA, un homme KOL, réussit à s’enfuir dans un avion fusée. Pris en chasse et contraints d’atterrir, ils se réfugient dans la partie inhabitée de la lune. Grâce aux instruments emportés dans sa fuite, NOR invente de nouvelles armes : des ondes magnétiques et des rayons qui lui permettent d’observer tous les gestes du tyran. Il demande à ses compagnons de garder le secret, mais KOL, jaloux, parvient à avertir ODE qui mobilise son peuple d’esclaves. NOR parvient à faire prisonniers les mercenaires en réunissant partisans et prisonniers lance l’appel à l’insurrection. Hélas, un des hommes de NOR est arrêté par ODE et, sous la torture, dévoile le lieu des réunions clandestines. ODE attire NOR dans un guet-apens, ce subterfuge échoue grâce à la télévision de NOR. Celui-ci, après avoir constitué une forte troupe s’apprête à châtier ODE. Le combat s’engage, c’est la défaite du tyran qui commence à payer ses forfaits, en travaillant à l’extraction du minerai. Pendant ce temps POK, lieutenant de ODE, craignant des troubles, oppose un démenti formel à la disparition du despote. Mais à IOWAKHE, l’heure de la délivrance est proche.
L’histoire approchait, elle aussi, de son dénouement sans doute ? Nous ne le saurons jamais puisque le journal s’arrêta brutalement avec le n° 14…
Robin l'Ecureuil : une vie trop brève
Beaucoup de jeunes lecteurs regretteront cette disparition. Robin l’Ecureuil est l’exemple type du journal bien équilibré qui avait mis tous les éléments de son côté pour réussir : une bonne équipe de dessinateurs chevronnés, tels Dansler, Liquois, Bourlès.
Une mise en page agréable où la couleur dominait, bien des genres étaient, ou allaient être, abordés. C’est ainsi que, dès le n° 11, deux nouvelles BD en demi-planches, un western de Giffey, et une histoire de pirates de Poivet faisaient leur apparition. Et le journal promettait d’autres surprises telle la série « Tango rouge » et « Alerte aux planètes ». On décelait de la part de la Rédaction une réelle volonté d’intéresser et de divertir les jeunes lecteurs, comme avec ces concours lancés dès le n° 1 et dotés de nombreux prix : concours de la meilleure photo, du meilleur dessin, concours du jouet de Noël fabriqué et (ou) réparé par les jeunes lecteurs au profit des enfants déshérités.
Il y aura encore un 2ème gala le 24 octobre au Vel D’Hiv’ et les jeux de plage pendant l’été. Sans équivoque, le journal savait soigner sa publicité.
Mais alors, qu’est-ce qui a provoqué sa chute ? La concurrence était certes féroce, mais le journal avait montré un réel esprit d’entreprise, un certain dynamisme innovateur, en somme de bons atouts pour se maintenir ?
A la vérité, il semble que ce soit une mauvaise gestion qui soit la cause de ce naufrage. L’après-guerre était un peu l’époque bénie où n’importe qui pouvait éditer n’importe quoi et se lancer dans l’aventure, car le succès rencontré par les bandes dessinées a dû tenter plus d’un éditeur occasionnel. Ceci explique que certains illustrés ont eu une existence éphémère, un numéro sans lendemain avec un tirage limité en raison aussi du rationnement du papier aux lendemains de la libération. Quoi qu’il en soit, la collection Robin l’Ecureuil reste encore de nos jours prisé par les collectionneurs.
Roger JEANNE
Fiche signalétique
Titre : Robin L’écureuil
Sous-titre : hebdomadaire illustré pour les jeunes Périodicité : bimensuel (en dépit du sous-titre) (1)
Numéro 1 : mai 1946 Nombre de numéros : 14 (2)
Format : 30 x env. 42,5 Nombre de pages : 8 Prix :8 F.
Adresses :
Direction Administration : 269, rue St Honoré PAR IS 1 er Rédaction : 31, rue Daniele Casanova PAR IS 1 er A partir du n° 13, nouvelle adresse :
Direction Administration Rédaction 9, rue des Petites Ecuries PARIS 9ème.
Imprimerie : Entreprise Parisienne de Presse et d’imprimerie,
37, rue du Louvre PARIS 2ème
Directeurs – Gérants : Louis Bourret et Mou, .ce Picqut.
A partir du n 12 : Comité de Direction :
Louis Bourret, Maurice Picque et Robert Wolf – Wolney.