La BD des années 50 a été jalonnée par une profusion de revues qui marquèrent toute une génération. Tous les genres y furent représentés, du western à la science fiction, du récit historique aux intrigues policières. Les héros furent adulés et quelques grandes maisons d’éditions s’imposèrent sur ce créneau.
La BD des années 50 et la S.A.G.E.
L’une des plus populaires maisons d’éditions de BD des années 1950 fut la S.A.G.E.
Son siège était au 12 de la rue du 4 Septembre à Paris. Après avoir publié divers illustrés en 1947, le plus souvent au format italien, la S.A.G.E. résolut de frapper un grand coup en créant, à partir de 1949, une importante série d’hebdomadaires en Petits Formats qui accrocha d’emblée le jeune public.
Sciuscia est la BD la plus connue de ces hebdomadaires
Lancé en juin 1949, Sciuscia raconte les aventures mouvementées d’un petit cireur de souliers du sud de l’Italie au moment de la Libération. A partir de 1951, le jeune Sciuscia partagea la vedette avec Alaska Jim, policier trappeur du grand Nord américain, rival de King et ancêtre de Jim Canada.
D’autres titres furent rapidement publiés par la suite. Il y eut Ranch Magazine avec Tom Bill. Puis Petits Moineaux qui offrait au lecteur un choix plus éclectique d’aventures avec Tony Boy, Marc le Trappeur, Flèche Écarlate. Comme dans Sciuscia, le héros principal était un adolescent qui devait affronter seul les affres d’une existence riche en péripéties.
Mais pour s’imposer sur le marché du format de poche, la S.A.G.E. résolut de diffuser toute une série de revues. D’abord Mascotte, le petit sergent et Gazelle Blanche. Mascotte mettait en scène les exploits d’un jeune garçon adopté comme porte-bonheur par un régiment de la légion étrangère. Quant à Gazelle Blanche, c’est une jeune fille indienne dont les aventures se déroulent au Canada, parmi les tribus iroquoises.
La S.A.G.E. puisa aussi dans la BD d’origine américaine
Et c’est ainsi que plusieurs héros réapparurent. Ce fut le cas de Raoul et Gaston dont les aventures furent publiées en avril 1951. Les aventures de ces deux jeunes personnages créés par Lyman Young avaient déjà été publiées avant guerre dans Jumbo et Aventures.
Ce fut le cas aussi pour le Fantôme du Bengale de Lee Falk et Mandrake, le roi de la magie. Tous deux venaient d’outre-Atlantique et furent très populaires auprès du jeune public français. Par la suite, débarquèrent King, roi de la police montée et Alain la Foudre. Après une parution régulière jusque vers 1954, King revint dans le mensuel Au Galop ! en 1956.
Face à la concurrence des grands périodiques, la S.A.G.E. s’efforça d’apporter du changement et de conserver coûte que coûte sa clientèle. C’est ainsi qu’elle publia Pécos Bill qui plut par sa nouveauté et son côté épique. En 1953, elle fit paraître Kid Oklahoma qui nous transportait en pleine guerre de Sécession.
BD et Films en photos
Mais surtout, un nouveau genre d’illustrés avait été inaugurée dès 1950 avec Héroic. Racontant en pages de couverture un film en photos, Heroïc offrait plus de variété dans les histoires et dans les dessins . Il paraissait deux fois par mois, selon la même périodicité que trois autres titres : Le Petit Shériff , Kansas Kid et Nat, le petit mousse.
La BD des années 50 et les éditions Pierre MOUCHOT
L’originalité de Chott
Les éditions Pierre Mouchot (devenues ensuite la S.E.R. – Société d’éditions régionales) ont connu un certain succès à partir de 1947 en publiant divers illustrés. Par leur aspect et leur contenu, ils contrastaient avec les autres productions du même genre et offraient une page de garde magistralement dessinée par Chott.
Le premier journal de cette maison d’édition vit le jour à la fin de l’automne 1946. Il s’agissait de Big Bill le Casseur, roi des cow-boys et maître de la grande piste. Réalisées par une équipe de dessinateurs peu connus, au nombre desquels on notait Claudy Bordet, les histoires du Casseur plurent par leur réalisme.
A ces aventures vinrent bientôt se joindre celles de Tom Tom et de P’tit gars qui firent ensuite l’objet de périodiques à part.
Humo et Fantax
Des suppléments à Big Bill le Casseur parurent en petit format racontant les exploits d’Old Boy et de Mister Crabo. En 1949, les éditions Pierre Mouchot inaugurèrent une autre collection, toujours mise en pages avec originalité par Chott. Il s’agissait des albums trimestriels Humo, subdivisés en deux séries : Gus et Gaétan et Cap’tain Paf.
Gus et Gaétan mettait en opposition deux compères fort différents : le premier, aristocratique et racé, portant monocle et fines moustaches, le second brutal et roublard, type parfait du débrouillard de faubourg.
Indépendamment de ces divers journaux, parurent dans la série générale Fantax, l’espace de quelques mois : Marco Polo, lancé en octobre 1948 et dessiné par Mairani. Et Robin des Bois, publié en janvier de la même année et dessiné par Bertrand Charlas.
Quant au mensuel Reportages sensationnels, apparut en octobre 1950, il contenait les aventures de Fantax, genre de superman français au visage masqué menant une double existence. On retrouvera Fantax, sous le nom de Black Boy, dans un autre mensuel des éditions Mouchot, lancé en 1954 et intitulé Rancho.
Cet illustré, qui dura jusqu’à la faillite de la firme, était un florilège hétéroclite des divers héros de la maison. Y apparaissaient notamment Thunder Jack, mais aussi Buffalo Bill, Tom Tom, Big Bill et quelques autres.
Parmi les ultimes publications de la maison Pierre Mouchot, il y eu Kid Colorado, lancé en juillet 1956, Big Horn et Fantasia, lancés en 1957 et West Romance, paru en 1959. Après 1960, ne parvenant plus à trouver un véritable deuxième souffle, les éditions Pierre Mouchot durent cesser toute activité.
La BD des années 50 et les éditions du Siècle (IMPERIA)
Dans les années 1950, Lyon s’imposa comme l’une des capitales françaises de la BD
Et ceci grâce au talent de nombreux créateurs et à la perspicacité de certains éditeurs. Vers la fin de l’année 1946, les Editions du Siècle voyaient le jour au n°38 de la rue de Brest à Lyon. Le premier magazine qu’elles publièrent s’appela Jeunes Gars qui ne réussit pas à séduire d’emblée un large public. A la même époque (fin 1946), fut lancé Tom X, un autre mensuel qui ne fut pas plus heureux que le précédent.
Aussi, pour essayer de redresser la courbe des ventes et toucher un plus large marché, les dirigeants décidèrent en décembre 1947 de créer un supplément à Jeunes Gars. Et ce furent les débuts de Targa, sorte de Tarzan français dû au crayon d’Estève, qui offrait au lecteur une superbe page de couverture brillamment illustrée par Robba. Les aventures de Targa connurent un succès considérable.
En supplément de Targa, apparu en février 1948 le mensuel Sergent Garry, qui deviendra vite célèbre. Officier de l’armée américaine, Garry, grâce au crayon expressif de Félix Molinari, vivra durant 12 ans des aventures qui le conduiront sur tous les champs de bataille de la Deuxième Guerre mondiale. Et en particulier en Asie et en Océanie. A partir de 1957, des albums spéciaux trimestriels Garry Pacifique viendront s’ajouter au journal mensuel.
A la fin de 1948, deux autres BD furent publiées
Youpi, illustré par Robba, et Cap’tain Horn, qui contient des aventures de brousse et d’aviation. La plupart de ces périodiques ne durèrent pas longtemps. Seul Garry perdura et permit aux Editions du Siècle de se restructurer et de créer une nouvelle société de création et de diffusion. Cette société prit le nom d’éditions Imperia.
Les débuts d’Imperia
Les premiers journaux publiés par Imperia furent les bimensuels Prairie et Hopalong Cassidy, tous deux lancés en décembre 1951. Puis de nombreux titres ont suivi et ont assuré la renommée de la maison IMPERIA. Retenons, parmi les plus anciens, Super Boy, lancé en 1949, Buck John, en 1953, Roico, en août 1954, Kit Carson, en mars 1956, Tex Tone, en mai 1957. Mais aussi Battler Britton, Attack, Oliver, X 13, Jim Canada.
La BD des années 50 et les éditions RAY-FLO
Situées à Paris, au n°9 de la rue Perdonnet dans le 10e arrondissement, les éditions Ray-Flo n’eurent qu’une brève existence et ne jouirent sur le marché français que d’une relative renommée au début des années 1950.
L’un des premiers titres des éditions Ray-Flo est Jim Cartouche, dont le premier numéro parut au début de l’année 1948 au format italien. Ce héros d’aventures inspiré des bandes américaines fut tout d’abord dessiné par Gérald Forton puis par F. Pierrault.
Dans les trois années qui suivirent, quatre nouveaux mensuels furent publiés : Jean Lynx, le Nyctalope, dessiné par Monchas, Cabrioles (qui deviendra par la suite Jim Tomahawk avec des illustrations de J. Frisano) Les Deux Risque-Tout et Kid Rivers. Les éditions Ray-Flo cessèrent quasiment toute activité vers 1955 après seulement six années d’activité.
La BD des années 50 et les éditions ARTIMA
En 1950 les éditions Artima se lancèrent dans les publications destinées à la jeunesse
Cette année-là parut la collection Dynamic au format italien avec six titres principaux : Wonderman dessiné par A. Dupuich et Tarou dessiné par Bob Dan. Puis Tex Bill et Tony Cyclone dessinés par Melliès, Bob Corton de Raymond Cazenave, et Jacky Storm.
A ces titres il faut ajouter celui de Bill Tornade, ainsi que la série Audax qui publiait en particulier les aventures de Tom Tempest, et Max Vigor.
Puis la BD au format italien fut délaissée
Les éditions Artima inaugurèrent le changement avec Ardan qui parut en février 1952 et qui contenait les aventures de Tim l’Audace (dessins de Bob Leguay). Vinrent ensuite Aventures Film avec Tex Bill (dessins de Roger Melliès) et Audax, lancé en octobre 1952 avec Bill Tornade (dessins de Bob Dan). Puis Jack Hilson (dessins d’André Gosselin) et Dynamic avec Toni Cyclone.
La BD des années 50 et la science fiction
La revue Météor, racontant les aventures spatiales du docteur Spencer et de ses amis, et dessinée par R.R. Giordan, fut lancée en mai 1953. Elle inaugura une glorieuse série de magazines consacrés à la science-fiction (Atome Kid, Cosmos, Sidéral…).
En 1954, furent publiés Tarou et Vigor (qui continua les aventures de Bob Corton). Puis, en 1955, apparurent Ouragan, (racontant les aventures de Jim Ouragan mises en images par Gire) mais aussi Tampest, et Fulgor.